En fin d’année, l’hebdomadaire Le Point et le quotidien L’Opinion sont montés au créneau contre les nouveaux programmes qui tendraient à supprimer l’enseignement du passé simple à l’école et au collège.

Le passé simple en péril ? Mais de quoi s’agit-il vraiment ?

Et ainsi trépassa le passé simple pour Le point, Danger de mort pour L’Opinion, les titres des articles avaient de quoi nous alerter ! Le passé simple allait-il disparaître des programmes ? Allait-on l’interdire comme on l’avait fait avec le breton sous la 3e république ?

La réalité est moins préoccupante : les nouveaux programmes de l’éducation nationale (élaborés en 2014) prévoient que du CM1 à la 6e comprise, seules les troisièmes personnes du singulier et du pluriel seront enseignées. Cela signifie que ce n’est qu’en 5e que les collégiens découvriront ce temps à toutes les personnes.

Pourquoi ? Parce que le passé simple est considéré comme…complexe. Les auteurs de la réforme affirment : Temps spécifiquement utilisé à l’écrit, le passé simple n’existe pas dans la langue utilisée par les élèves. Temps du récit et temps de l’écrit, temps inutilisé mais éminemment littéraire et scolaire, hautement discriminant dans la production des écrits des élèves, il mérite une attention accrue.

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Je ne suis pas du tout d’accord !

Fractionner l’apprentissage du passé simple, c’est méconnaître les capacités des enfants !

Les enfants apprennent très vite le passé simple, ils apprennent tout très vite : les tables de multiplications, les poésies et les tableaux de conjugaison ! En outre, les sonorités particulières du passé simple les amusent ce qui facilite encore son apprentissage.

Reporter à la classe de 5e la découverte complète de ce temps, c’est vraiment dommage! C’est un peu comme changer les mots difficiles d’une histoire qu’on lit à un enfant sous prétexte qu’il ne les comprendrait pas…alors que c’est précisément ce qui lui permettrait de se les approprier.

Le passé simple est le temps favori des étudiants !

Dans le texte du programme, c’est surtout une phrase qui m’a fait réagir : Le passé simple n’existe pas dans la langue utilisée par les élèves.

Ah bon, vraiment ?

Alors comment explique-t-on que les étudiants y ont spontanément recours dans leurs écrits ? En tant qu’enseignante, je lis les productions écrites d’un large éventail de jeunes. Certains viennent de passer le bac, d’autres sont en 3e année de licence, d’autres encore en master 2 et rédigent leur mémoire de fin d’études. Quels que soient l’âge et la formation concernée, ils usent et souvent abusent du passé simple ! En voici quelques exemples : Je fus très bien accueilli par l’équipe ; Ma famille me manqua beaucoup durant mon premier mois d’Erasmus ; Nous réussîmes le test de l’école 42 mais nous préférâmes nous tourner vers une école délivrant un diplôme d’État.

Les étudiants sont si friands de passé simple que j’essaie de freiner leur engouement pour ce temps, en mentionnant que son emploi risque de donner un ton un peu désuet à leur texte. Rassurez-vous, ça ne sert à rien : ils chérissent le passé simple et continuent à l’employer !

S’il est attaqué, le passé simple trouvera des alliés parmi les jeunes ! Que Le Point soit rassuré, ce ne sont pas les nouveaux programmes qui feront trépasser le passé simple.