Les logiciels d’orthographe se sont multipliés. Les résultats parfois décevants de ces outils pourtant bien conçus nous rappellent le rôle essentiel du pédagogue dans l’apprentissage de l’orthographe.

Pour améliorer son orthographe, les logiciels constituent des outils intéressants. Ils s’adaptent aux besoins et reviennent sur les règles en cours d’acquisition.

Pourtant, en dépit de leurs qualités, leur efficacité n’est pas toujours probante.

Quels sont les apports des logiciels ? Comment les utiliser de manière efficace? Peuvent-ils remplacer le formateur ?

Les logiciels ont relancé l’attention sur l’orthographe.

En tant qu’enseignante, j’ai longtemps été préoccupée par le niveau d’orthographe de mes étudiants. Ce problème suscitait d’ailleurs peu d’intérêt parmi mes collègues, sans doute parce qu’on ne savait pas comment y remédier.

L’arrivée du logiciel du Projet Voltaire en 2008 a marqué un tournant : parce qu’il apportait une solution simple à une question complexe, le Projet Voltaire a reçu un accueil très favorable des écoles et des universités.
Depuis deux ans environ, je perçois de nouvelles exigences chez mes collègues en matière d’orthographe. Et c’est tant mieux !

Les performances enregistrées par le logiciel ne correspondent pas aux acquis réels.

Un important décalage existe entre les compétences actées par le logiciel et celles que possède la personne dans le monde réel. C’est ce que je constate en tant qu’enseignante et formatrice.
Le logiciel propose en effet un mode d’apprentissage bien à lui : son interface constitue un univers en soi. Il propose de repérer si une phrase comporte une faute. Ce n’est pas du tout la même chose que d’écrire cette même phrase sur son ordinateur !

L’apprentissage de la conjugaison, aspect indispensable pour maîtriser l’orthographe, est abordé de manière partielle. Cela ne permet pas de se faire une approche globale des temps et de leur orthographe.

Le formateur a, plus que jamais, un rôle à jouer.

Semaine après semaine, je constate combien il est important pour les apprenants de « décrocher » du logiciel et de revoir les règles en présentiel.
Ces périodes de regroupement permettent à chacun de partager et de confronter ses connaissances avec celles des autres. Entendre énoncer la règle par un enseignant ou un formateur conforte le savoir.
Cela est clé pour qu’une règle d’orthographe s’enracine durablement, qu’elle soit autre chose qu’une réponse apportée au logiciel. J’ai presque envie de dire: « pour qu’elle prenne son autonomie par rapport au logiciel » !

Le rôle de l’enseignant ou du formateur est donc essentiel : il est là pour donner un rythme à la formation, pour communiquer l’envie d’apprendre. Il lui appartient de maintenir et de développer la motivation des étudiants et des stagiaires. Cette dimension humaine est essentielle. Elle est aux antipodes des tableaux de bord qui permettent de suivre les participants sur le logiciel !

Alors, oui aux logiciels d’orthographe, mais rappelons-nous qu’ils sont des outils et que nous sommes des humains !