J’entretiens une relation compliquée avec les anglicismes ! Parfois ils me déplaisent d’emblée, parfois ils m’amusent pour, toujours, finir par m’agacer…

L’autre jour par exemple, au détour d’une visioconférence sur Zoom avec une responsable RH, j’ai appris l’expression full remote :

Oui, cela devient de plus en plus difficile de recruter des développeurs : ils veulent tous du full remote ! 

Je me suis alors félicitée que le mot du mois de Gymglish ait précisément été remote qui signifie éloigné ! Full remote signifie donc télétravail à temps plein.

Vous le constatez, j’adore faire partie des initiés.

Ah oui, ai-je demandé, le télétravail quelques jours par semaine ne leur suffit pas ?

Plus tard, c’est très négligemment qu’en parlant avec ma fille, j’ai placé cette toute nouvelle expression. Elle m’a interrompue par un Insupportables ces anglicismes ! Maman, parle français, s’il te plaît…

Effet un peu décevant, donc, mais qui, au moins, a eu le mérite de me faire méditer sur une expression populaire que j’aime bien : Les chiens ne font pas des chats…

Généralement, les anglicismes, ça m’énerve comme les macarons de chez Ladurée pour Helmuth Fritz dans son tube de 2009. En voici deux que je trouve particulièrement trompeurs, car ils ressemblent beaucoup au français… en l’égratignant au passage…

 

Être familier ne signifie pas être familiarisé avec …

Voilà une erreur que j’entends très souvent à la radio et que je retrouve dans les rapports de stage de mes chers étudiants : une phrase comme Il était impératif que je sois plus familier avec les nouveaux produits est devenue très courante.

Et pourtant, non ! Être familier avec signifie avoir une attitude empreinte d’une certaine familiarité, c’est-à-dire, selon le Petit Larousse 2011, qui montre une absence de contrainte pouvant aller jusqu’à de l’impolitesse.

L’expression correcte, bien évidemment, c’est être familiarisé avec.

 Il était impératif que je sois davantage familiarisé avec les nouveaux produits.

Peut-être aurez-vous remarqué que je préfère utiliser davantage à plus qui suscite une légère ambiguïté en raison du possible sens négatif de plus.

et partager ne remplace pas faire part de !

Merci Cloé d’avoir partagé votre expérience avec nos auditeurs.

J’écoute une émission sur France Inter qui invite les auditeurs à prendre la parole : le présentateur rebat les oreilles de ses auditeurs par ce type de phrases.

Ainsi donc, on découpe comme un gâteau cette chose si intangible que constitue une expérience ? Ne serait-il pas plus limpide de dire Merci d’avoir bien voulu nous parler de votre expérience ? Oui, mais voilà, l’anglais et son Thank for sharing with us est passé par là… Plus rapide, plus branché aussi…

Toutefois, il y a un contexte bien spécifique où un nouvel emploi de partager se justifie pleinement, car il vient combler un vide. La banque de dépannage linguistique, le très sérieux site du gouvernement canadien, l’indique ainsi :

Lorsqu’il s’agit de contenu numérique, partager signifie mettre à la disposition d’autres utilisateurs.

Ainsi, je peux tout à fait écrire, sans risque de me le voir reprocher : sur le blog de l’Écrit d’entreprise, je partage différents contenus avec vous dont un article sur les anglicismes.