Je suis dans le métro, je relis les articles des étudiants. Une formulation maladroite revient régulièrement : dû à. Il me semble que cette tendance est récente, un ou deux ans peut-être.

Dû à la blockchain, les fraudes sur internet sont évitées

Dû au fait qu’il a été le précurseur, il a contribué à faire évoluer les mentalités.

Cette technologie a été abandonnée dû au manque de débouchés commerciaux.

Encore ce dû à ! Et pourquoi une formulation aussi lourde s’est-elle généralisée ? Malheureusement, les étudiants ne partagent pas ma désapprobation…

Dans la rame, la voix aseptisée de la RATP annonce :

En raison de travaux de maintenance, le train ne s’arrêtera pas à la station Châtelet.

Oh non ! Il va me falloir changer à la gare de Lyon, des couloirs interminables en perspective…

Comme la RATP distille les informations dans au moins trois langues, il s’ensuit :

Due to maintenance, the train will not stop at the Châtelet station.

Illumination subite : c’est le métro le coupable ! Je suis maintenant ravie de ce message de la RATP qui vient de répondre à mon interrogation sur l’invasion du due to !

La formule due to paraît si efficace et… si proche du français… On s’en empare et le tour est joué, au détriment de la qualité de l’expression, en oubliant qu’il s’agit là d’une expression idiomatique propre à l’anglais.

Et pourtant, chers étudiants, le français dispose d’un large choix de mots et de nuances pour exprimer la causalité avec en raison de, compte tenu de, à cause de, comme, par la faute de, sous prétexte de, grâce à

Me voilà stimulée par ma découverte : aujourd’hui, j’ai compris d’où venait ce « dû à ». Demain, qui sait, peut-être trouverai-je des arguments convaincants pour dissuader mes étudiants de l’employer ?