Au risque de vous paraître vieux jeu, j’aimerais vous parler de deux erreurs qui m’agacent beaucoup : le je m’excuse et l’emploi fautif d’avoir à la place d’être.

C’est ma faute, c’est ma très grande faute !

Faire acte de contrition, présenter ses excuses, c’est dans l’esprit du temps ! Qu’il s’agisse de Volkswagen, d’Antoine Griezmann (les basketteurs des Harlem Globetrotters), ou de Marc Zuckenberg le mois dernier, cet exercice est devenu incontournable.

Selon un article de Libération de janvier*, cela refléterait une hypersensibilité généralisée, une volonté de rééducation permanente et l’ambivalence du je m’excuse.

C’est précisément sur ce dernier aspect que j’aimerais revenir.

 

Non, on ne dit pas je m’excuse !

Il y a deux jours, j’ai reçu un e-mail d’une étudiante qui m’envoyait son travail avec quelque (pas de s à quelque dans le sens d’environ) deux mois de retard… Le message commençait ainsi :

Bonjour Madame,

Je m’excuse platement pour l’envoi en retard, je viens de me rendre compte que de nombreux mails sont restés dans ma boîte d’envoi…

Je m’excuse

Je me revois à 8 ans, seule dans le couloir de mon école de campagne : mon institutrice m’a demandé d’apporter un document à sa collègue. Il faut que je frappe, que je dérange la classe, que je prononce quelques mots de politesse… Je suis face à un dilemme. Dois-je dire Je vous prie de m’excuser, comme ma mère me l’a appris ou dois-je employer la formule des enfants de mon école Je m’excuse ? Vraiment, je ne sais pas : apparaître comme une poseuse et savoir que je le suis un peu ou trahir la bonne éducation familiale ?

Il me semble avoir opté pour une formule médiane : le je vous prie est devenu un j’vous prie à peine audible et j’ai prononcé plus clairement le m’excuser.

Je reviens à mon écran d’ordinateur. J’ai répondu à l’étudiante qu’on ne disait pas je m’excuse et que le platement était à éviter. Je n’ai fait aucun commentaire désagréable sur le mystérieux dysfonctionnement des boîtes mail des étudiants en retard…

 

Gardons-nous de confondre j’ai été et je suis allé

À l’école de mon village (toujours elle !), on nous apprenait qu’il fallait employer l’auxiliaire être lorsqu’on évoquait un mouvement : Je suis allée à l’école à pied et j’en suis revenue à 17 heures. Dans une expression écrite (au moins une par semaine !), l’emploi fautif d’avoir dans un j’ai été à pied à l’école et j’en ai revenu à 17 heures aurait été entouré en rouge d’une main rageuse par l’institutrice.

Or, je constate que cette distinction pourtant évidente entre l’emploi d’être et d’avoir est de moins en moins respectée, notamment à la radio !

Le Cortège a été de la gare de l’Est à la gare Saint-Lazare.

Franchement, cela m’agace ! Pas vous ?

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*Article de libération cité: http://www.liberation.fr/chroniques/2018/01/08/excusez-moi-de-vous-demander-pardon_1621081