L’expression Faire des coupes sombres et le mot éponyme font toujours leur petit effet…Le problème, c’est qu’ils sont employés à l’envers, la plupart du temps…C’est notamment le cas à la radio, mais aussi dans de bons magazines.

Les coupes sombres dans un budget n’ont rien d’alarmant !

Faire des coupes sombres. Cette expression fait florès actuellement. Vous avez certainement entendu une phrase du type: Le gouvernement entend faire des coupes sombres dans les prestations familiales.

Des coupes sombres ? Eh bien, de quoi se plaint-on ?

Revenons au véritable sens de cette expression empruntée aux travaux des bûcherons. Dans la forêt, faire une coupe sombre, c’est ne couper que quelques arbres : la forêt demeure dense et sombre. En revanche, faire des coupes claires signifie éclaircir la forêt, donc couper beaucoup d’arbres ! La confusion s’explique aisément : le mot sombre est corrélé à l’idée de sévérité et de contrainte.

Réservons le mot éponyme à celui qui donne son nom !

Le Larousse apporte la définition suivante : Qui donne son nom à quelque chose. Or, on passe souvent trop vite sur cette explication…

Il convient d’être attentif à deux aspects.

Tout d’abord, on doit absolument réserver le terme éponyme à celui qui donne vraiment son nom à quelque chose. Il faut bien faire la distinction avec ce qui en tire son nom.

Le film Madame Bovary est tiré du roman éponyme : la phrase est correcte. Le roman de Flaubert est évidemment antérieur à ses adaptations cinématographiques. En revanche, il serait erroné de dire : J’ai lu Madame Bovary au lycée et j’ai bien aimé le film éponyme avec Isabelle Huppert.

Ensuite, il doit nécessairement s’agir d’un personnage réel ou imaginaire. On peut parler du livre éponyme concernant Madame Bovary, mais ce serait erroné pour Le rouge et le noir de Stendhal !

On peut donc cumuler les erreurs, en utilisant éponyme pour l’œuvre qui a reçu son nom d’une autre œuvre qui, de surcroît, ne désigne pas un personnage. Cela pourrait donner : J’ai vu le film éponyme du roman de Tolstoï Guerre et paix. À éviter!