Depuis quelques années, du coup s’est infiltré dans nos conversations. Maintenant, il s’invite dans nos écrits. Trop, c’est trop !

 

Du coup, c’est le nouveau donc

L’Académie française rappelle que du coup ne peut être utilisé que dans deux cas. Le premier est l’emploi au sens propre : Un poing le frappa et il tomba assommé du coup. Le second cas exprime l’idée d’une cause agissant brusquement : Un pneu a éclaté et du coup la voiture a dérapé.

La notion de temporalité immédiate est très importante.

Il est donc incorrect d’utiliser cette locution adverbiale à la place de c’est pourquoi, par conséquent, de ce fait, ou encore donc.

Du coup est beaucoup employé à l’oral comme mot béquille, pour rester en contact avec son interlocuteur. C’est pour cela qu’il est difficile de l’éviter. Il me semble qu’il y a encore quelques années, c’était donc qui était ainsi détourné. Celui-ci est beaucoup moins employé depuis que du coup a conquis le terrain !

Un du coup en appelle un autre

Je les compte : un, deux, trois…Nous en sommes à 10 quand le groupe d’étudiants termine son exposé.

J’en suis convaincue : on ne peut pas dire une seule fois du coup. Un du coup en appelle un autre qui en appelle un autre…

Comment peut-on s’en affranchir ?

J’ai lu le conseil d’un professeur d’art oratoire qui expliquait avec humour comment il combattait le euh chez ses étudiants : chaque fois que l’un d’entre eux disait euh, les autres applaudissaient. J’ai tenté l’expérience pour le du coup. La classe s’est volontiers prise au jeu, mais les étudiants qui passaient à l’oral ce jour-là ont eu des difficultés à mener à bien leur présentation interrompue par les applaudissements.

Rappelons-nous que le silence est d’or : mieux vaut un silence qu’un mot inutile, voire parasite. Il est difficile de s’y astreindre, reconnaissons-le. À l’écrit, nous avons tendance à multiplier les connecteurs logiques, en particulier les en effet, ainsi, de la même façon, etc.  Or, si un texte est clair, très peu sont utiles. À l’oral, si l’on s’efforce de réduire les connecteurs logiques inutiles, on apure ses propos, on prend davantage conscience de la valeur des mots. Cela enclenche un cercle vertueux : on se libère des mots béquilles et des du coup.

Du coup, on n’en dit plus ?